Marchés financiers en bonne santé = citoyens abusés !

Publié le par Hervé Bramy

En ouvrant les pages des journaux ce matin, ce petit aphorisme m’est venu à l’esprit. Trois informations se sont télescopées  pour y donner naissance. Je vous les livre pèle-mèle,le Parisien d’abord qui fait la une de ses pages Seine Saint Denis avec un paradoxe abrupt, qu’il vient de découvrir. Le chômage y explose malgré l’arrivée des entreprises.  « le 93 a gagné 30000 emplois mais cela ne profite que très peu aux habitants » dit un responsable de la direction régionale des entreprises et de l’emploi. Aucune ville n’y échappe, le nombre de demandeurs d’emploi a progressé dans les 40 villes du département et les trois plus grandes villes (Saint Denis, Aubervilliers, Aulnay) ne sont pas en reste.  C’est ce même constat que je faisais lors de ma présidence du Conseil général et qui m’a amené à une initiative originale : la création d’une charte pour l’emploi des jeunes signée avec de grands groupes désireux de s’installer ici : un appui du Conseil général en échange de l’embauche et /ou de la formation de jeunes du département. Cette proposition n’était pas si exorbitante puisque la SNCF, Véolia, Colas, entre autres, l’ont signée. Alors pourquoi aujourd’hui les entreprise n’embauchent elles pas ? Ce n’est pas le niveau de formation de la population puisque le même article relève que les diplômés sont de plus en plus nombreux à pointer au chômage : +18%pour les bac+2, +10%pour les bac+3ou4. N’est ce pas plutôt une politique qui encourage les délocalisations, restreint le crédit pour les entreprises qui exercent en France pour mieux placer les liquidités dans la spéculation sur la dette publique ? Bref une politique française et européenne qui s’évertue depuis des lustres à encourager le capital aux dépens du travail, baisse les dépenses sociales et au final freine l’activité.
C’est ce que montrent les éminents économistes réunis ce week end dans « l’appel des économistes atterrés » et que relate le journal Libération. Ces femmes et ces hommes qui ne passent pas pour des rigolos dans les hautes sphères ( un directeur de l’OFCE, des professeurs de l’école d’économie de Paris) dénoncent unanimement les politiques libérales qui n’ont qu’un but : rassurer les marchés financiers en réduisant les dépenses sociales et publiques. En d’autres termes faire payer les salariés ( par exemple en réformant les retraites) et récupérer le maximum de plus value crée par le travail pour faire gonfler les profits. Tout cela avec des gouvernements qui leur sont dévoués corps et âmes (rappelons nous  Bettencourt, l’Oréal). La preuve la dernière information du jour : On apprend que la société générale a perçu tout à fait légalement, 1,6 milliards d’euro qu’elle affirmait avoir perdu lors de l’affaire Kerviel. C’est vrai puisque les dispositions fiscales permettent aux sociétés d’imputer rétroactivement des pertes réalisées une année donnée sur les bénéfices des années antérieures. Très pratique et discret pour faire baisser l’impôt sur les sociétés ( et faire financer le manque à gagner par les salaires).En 2007 cette disposition a selon le rapport du Conseil de prélèvements obligatoires (CPO° de faire diminuer de 8 milliards l’impôt sur les sociétés. Trop fort ! Mais encore mieux la France fait partie des 4 pays européens qui offrent un régime sans plafonnement. Résultat des courses, ajoutée aux 56 autres dispositions fiscales dérogatoires pour les sociétés les 40 société du CAC ne payent que 8% d’impôt sur les bénéfices alors qu’elles devraient en payer 33%. Quand on sait qu’elles annonçaient 84 milliards d’euro de bénéfice en 2009 il y a une semaine
C’est-y pas de la bombe ça coco ? Plus sérieusement lorsque les communistes proposent d’augmenter les salaires pour un mode de développement  respectueux de l’environnement, d’encadrer le crédit en faveur des entreprises qui créent des emplois durables, de moduler leur fiscalité, de taxer les revenus financiers, de créer un pôle public bancaire européen, sommes nous si éloignés de ces économistes qui avancent parmi d’autres idées : réduire la liquidité de la spéculation en contrôlant les capitaux, cloisonner les marchés financiers, créer une banque de règlements capable de financer les prêts entre pays européens ?
Oui aujourd’hui pour rendre mon aphorisme ringard il est urgent de se rassembler pour mettre en mouvement ces propositions, c’est seulement quand cela fait que l’on pourra parler de qui sera le meilleur candidat.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article